D'abord société de musique sacrée qui permet la redécouverte du chant grégorien (ou plain-chant) et des compositeurs tels Palestrina, Josquin des Prés ou Victoria, elle devient une école dédiée au renouveau de la musique sacrée en 1896. Des artistes comme Wanda Landowska en seront issus. Charles Bordes est également un infatigable chercheur dont l'activité sera saluée par le pape Pie X (1).
Franz Liszt, né en 1811, reçoit les ordres mineurs à Rome où il s'est installé en 1865. Il se fera désormais appeler "l'abbé Liszt". Depuis longtemps déjà il compose de la musique religieuse et s'intéresse de près à l'activité de redécouverte des sources de la musique sacrée et de la polyphonie de l'abbaye de Solesmes - comme Charles Bordes plus tard. Ce sont à ces deux réformateurs de la musique liturgique que les Journées se sont intéressées cette année.
En l'Église Saint-Étienne de Tours, le 7 novembre, l'ensemble Ludus Modalis (2), dirigé de son pupitre par le ténor Bruno Boterf (son fondateur) et l'organiste Vincent Grappy, ont donné à entendre de larges extraits du "Via Crucis" (huit sur les quatorze de ce Chemin de Croix) composé entre 1876 et 1879 par Franz Liszt ainsi que d'autres pièces religieuses du maître de Weimar - et un chant grégorien du VIe siècle de Venance Fortunat. Ils ont aussi recréé à cette occasion un dialogue spirituel de Charles Bordes, "Domine puer Deus jacet", donné en 1900 et jamais rejoué depuis.
A capella ou accompagné de l'orgue Debierre, les magnifiques chanteurs de Ludus Modalis ont offert au public un haut moment de spiritualité. De la désolation des stations de la passion du Christ à la méditation ("Crux"), de la prière mariale ("Ave Maris Stella") aux hymnes réaffirmant la foi en la lumière divine, les voix aux timbres parfaitement à l'unisson ont déployé les lignes pures d'un chant au noble dépouillement.
Le programme mettait en évidence les liens entre des écritures aux styles propres à leurs époques mais s'inspirant aux mêmes origines. Le talentueux Vincent Grappy, titulaire des grandes orgues de la cathédrale de Blois, donnait le lendemain un récital à Vouvray en hommage au compositeur français natif de la région.