Relire les Vêpres de la Vierge


de Claudio Monteverdi

  Ludus Modalis rend hommage  au célèbre  recueil publié en  1610.

 

Après plusieurs concerts donnés en  2010, Ludus Modalis propose nouvelle  une fois sa lecture"originale" mais plausible de cette oeuvre mythique, ne faisant pas appel aux instruments concertants. Le texte qui suit vous permettra d'en mieux comprendre le propos.

 

 

En 1610, Claudio Monteverdi alors au service des Gonzague en la petite ville de Mantoue, fait paraître un recueil dédié au pape Paul V. Ce recueil est constitué d'une messe à 6 voix utilisant des thèmes d'un motet préexistant de Nicolas Gombert et de Vêpres à la Vierge écrite dans le style nouveau.

La page de garde de l'édition originale dissimule soigneusement les Vêpres derrière cette messe dont Monteverdi sait qu'elle sera mieux perçue par les autorités ecclésiastiques Le pape ira dans ce sens, appréciant la messe mais moins ces Vêpres novatrices et ne proposant pas au compositeur le poste dont il rêvait secrètement.

Le temps a rétabli les choses et les Vêpres font désormais partie des chefs-d'œuvre de la musique occidentale;. De nombreuses questions musicales ou musicologiques (diapason, instrumentation, effectifs, transposition des passages écrits dans les petites clés:"chiavettes") ont aujourd'hui trouvé réponse.

 

Une relecture

Dans notre vision de ses Vêpres nous avons opté pour une transposition à la quarte inférieure de certains psaumes et du magnificat, choisi un diapason élevé (tel qu’il devait être dans l’Italie du Nord au début du seicento) et un tempérament favorisant la pureté des intervalles.

De plus nous avons souhaité encadrer, respectant en cela le structure de l'office des vêpres, psaumes et magnificat, par les antiennes correspondant à une cérémonie mariale particulière, en l’occurrence, la fête de l’annonciation de la Vierge. Nous avons également choisi de colorer de nombreux passages de l’œuvre par l’utilisation variée des instruments d’accompagnement (orgue, violone et théorbe et deux sacqueboutes) et en renforçant parfois, les voix des chanteurs solistes (Coro Favorito) par les chanteurs tuttistes (Ripieno).

 

Plus surprenant sans doute, nous avons choisi d’interpréter ces Vêpres sans instruments concertants (violons, cornets, trombones, flùtes) respectant en cela la proposition faite par Monteverdi lui même. Celui-ci indique en effet à plusieurs reprises dans la préface et la partition de ses Vêpres que les ritournelles ou parties instrumentales des psaumes sont ad libitum (parties instrumentales du Domine ad adjuvandum me, ritournelles du Dixit Dominus…) De même, Monteverdi propose deux versions du Magnificat, la seconde à 6 voix ne requérant que les voix et un continuo bâti autour d’un orgue (Principale) On ne peut imaginer que Monteverdi n'ait pas songé à l'utilisation de ce Magnificat dans le cadre d'une version à l'instrumentarium plus réduit.

 

Nous avons souhaité faire précéder les Vêpres de cette somptueuse Messe à 6 voix dans style contrapuntique "des anciens" pour une célébration en deux parties de ce qui peut être considéré comme l'un des joyaux de notre patrimoine musical.

 

  • En lieu et place de la célèbre sonata sopra sancta maria, qui requiert un effectif instrumental conséquent, et pour respecter nos orientations musicales , nous avons choisi un ricercar du romain Frescobaldi, organiste de la Basilique Saint Pierre. Ce ricercar écrit à 5 voix offre la particularité de proposer à l’organiste ou à quelqu'un d'autre de chanter la cinquième voix. Les sopranos chanteront cette ligne sur les paroles « sancta maria ora pro nobis »